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L'AFFAIRE DU FAUX RIMBAUD : DOCUMENTS COMPLETS (Partie III)
L'article du MondeParis est venu au Mans. Ce qui équivaut, en terme professionnel, à un scoop. Du moins dans le cercle restreint des journalistes littéraires, appelés aussi dans notre jargon « mondains du livre ». Depuis là-haut, c'est un événement, une prouesse. Rappel d'une épopée locale qui avait fait deux ou trois vagues dans nos salons : quelques heures à peine après la révélation au grand public d'un inédit de Rimbaud (Le rêve de Bismarck) retrouvé chez un bouquiniste de Charleville-Mézières, un énergumène manceau revendiqua non sans fracas la paternité du document qui serait donc... Un faux ! Info ou intox ?A la rédaction les collègues ont bien ri. Il y avait de quoi, avec ma mission d'« envoyé spécial en province »... La décision résonnait désagréablement comme le coup de «sifflet de Jéricho» de l'officier de police plein d'avenir du Quai des Orfèvres rétrogradé du jour au lendemain à la circulation de la Place Clichy. Et j'ai effectivement été envoyé au Mans afin de tenter d'éclaircir ce mystère d'arrière pays. Merci le TGV. Bref, de retour avec mon papier, ils ne riaient plus du tout à la rédaction. Enquête.AUTEUR PROLIFIQUERaphaël Zacharie de Izarra est un farceur.
Un auteur prolifique aussi. Avec plein d'imagination.
Un simple hurluberlu en mal de notoriété comme l'affirmait, un peu énervé, le plus grand spécialiste de Rimbaud Jean-Jacques Lefrère dans les pages du « Figaro Littéraire » ? Pas si sûr... Dès qu'on approche le phénomène, les certitudes toutes faites s'éloignent. Il y a fort à parier qu'au contact de ce fou follet, plus d'un routard de la presse reverrait son jugement. Un poids-plume de l'auto édition (il se répand sur Internet) capable d'ébranler des maisons : Izarra a du souffle, il faut lui reconnaître ce précieux avantage.
FRISSONS
Personnage machiavélique diraient certains... Angelot d'une désarmante naïveté pour d'autres. Prince cynique ou entité ailée, peu importe : le plaisantin ne manque pas d'atouts. S'il est vrai que le diable a plus d'un tour dans son sac, les anges n'en ont pas moins de la plume. Celui qui veut défier les exégètes de la littérature, pardon de la Littérature comme il le précise, est bien outillé. Ce maître du verbe joue de son art oratoire jusqu'à l'énième degré, là où commencent les premiers frissons. Déstabilisant.Le « clown à particule » s'avère être un morceau de choix pour tigres de rédactions, un cas d'école comme on en rencontre rarement dans une carrière de reporter. Un pigiste averti y regarderait à deux fois.
Izarra, ça à l'apparence de l'ersatz, de loin ça n'a l'air de rien, de Paris on croit que c'est du toc... Et quand on vient chez lui au Mans pour une interview de près, pour de vrai, alors l'Izarra c'est de l'or en barre ! Foi de journaliste.
L'animal est prêt. De mon côté, je fourbis mes armes. Ambiance règlement de compte à l'oral. L'interview commence mais c'est lui qui tient la baguette.
Quand je l'interroge au sujet de cette affaire grotesque du « vrai-faux-Rimbaud » il ne se démonte pas. Ses yeux s'éclairent. Le masque de la sincérité l'habille tout de blanc. Et il a des arguments le renard ! Répondant point par point aux objections émanant de ses détracteurs, il se défend. Avec foi, panache, consistance. De telle façon qu'à mi-parcours de l'interview il est déjà permis de douter de la version officielle. Question de choix. En l'écoutant, intarissable, virtuose, charmeur, parfois excessif, toujours percutant, on se sent plus léger, libre de balancer entre vérité médiatique et doute « izarrien », qualificatif dont il abuse avec jubilation. C'est le cadeau qu'il nous fait : penser par soi-même. Raphaël Zacharie de Izarra est persuasif, il a l'art de soulever des questions que nul n'oserait effleurer.
POLEMIQUE
Ses arguments ? Contestables, soyons honnêtes. Contestables et pourtant... Pas tant que cela. Et c'est étrange, et c'est puissant, et c'est passionnant. C'est oui ou c'est non, c'est vrai ou c'est faux. Entre les deux, une infinité de nuances. Toutes déroutantes.
Izarra a sa place dans la polémique et il tient tête. Il a pris le rôle du bouffon, qui n'est pas le plus facile. Rappelons que le pitre officiel du royaume assénait des vérités cinglantes au roi. Izarra se paye la tête du roi et c'est bien le seul : il n'y a qu'un bouffon dans tout le royaume pour user de ce droit. Les autres se taisent. Lui, il la ramène. Il fabrique du faux pour « mieux dénoncer une autre imposture : celle d'une certaine littérature » dit-il.Dans le détail son discours ressemble un peu à cette histoire de fous où l'un soutient que la bouteille est à moitié pleine pendant que l'autre s'évertue à démontrer qu'elle est à demi vide. L'un a tort, les deux ont raison et personne ne peut trancher. Ensuite c'est une question de crédibilité vestimentaire. La « vérité » du porteur de cravate sera toujours un peu plus « vraie » que celle de l'adepte de la chemise à carreaux. Izarra ne porte ni cravate ni chemise à carreaux, il arbore un front vaillant dénué d'artifice, affrontant nu les « cohortes de Bêtise parées de flatteurs, mensongers atours ».
Même pour un reporter qui a de la bouteille, il serait trop facile de prendre à la légère l'édifice de papier de monsieur Izarra. Pour l'heure tout est théorie, démonstration intellectuelle, preuve par la dialectique et conviction intime. Le sieur Izarra est redoutable quand il s'agit de semer le doute. Et ça prend. A faire trembler les bases du plus orthodoxe des convaincus. Ca prend tellement bien que, séduit par le brillant discours, déjà convaincu mais pas tout à fait prêt à mettre la main au feu tout de même, on ne demande plus qu'à voir.
ROCAMBOLESQUE
Voir, c'est ce qu'il nous promet depuis le début de cette affaire décidément rocambolesque... Mais il n'est pas pressé d'apporter de la matière à son moulin à paroles. Izarra brille tant qu'il reste dans ses « hauteurs » abstraites, position stratégique bien commode dans laquelle il a tendance à s'éterniser... Sur la terre ferme son pied est plus glissant.Il a le temps pour lui, répète-t-il. «Je n'agis pas dans la précipitation, mon dessein est de plus grande envergure que de nourrir ces poussins de journalistes. Patience ! Au lieu de petit grain sans lendemain vous aurez la grosse pâtée pour l'hiver» confie-t-il, un brin malicieux.
C'est vrai qu'il cause bien le contradicteur et qu'on serait prêt à se convertir à sa « vérité », à deux doigts du gouffre séparant « l'hérésie médiatique du ciel izarrien »... A condition de donner corps au discours. Bluffant pour ceux qui l'approchent, l'écoutent, le « sentent », simple zozo pour les autres qui n'ont pas eu le privilège d'un tête-à-tête, le personnage a de quoi faire peur.
La première fois il avait même fait très peur : l'AFP lui reproche un séisme d'ampleur nationale provoqué par ses simples assertions. Pas si zozo qu'il en a l'air le «Zaza» !
DU TEMPS
Raphaël Zacharie de Izarra nous demande du temps, encore du temps pour prouver qu'il est l'auteur de cette farce. Mais où est la vraie farce ? Dans le document lui-même qui serait un « authentique faux » ou dans le formidable pouvoir de persuasion d'un mythomane de premier ordre ?
Sa démarche, se justifie-t-il, est une oeuvre « de long terme, dense, complexe, nécessairement lente ».A la lumière de ses propos pour le moins convaincants, irritants, intrigants, presque fascinants, on lui laissera le bénéfice du doute. Mais pas trop longtemps. Pas trop longtemps monsieur Izarra : à la rédaction ils ne rient plus, mais alors plus du tout.
R.S.
(Le Monde)
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Commentaires
Rimbaud, du snobisme ?
Bonjour, C'est très vrai. Cela n'est bien entendu pas systématique chez les lettrés mais assez répandu, selon moi. Qui a lu "Le Bateau Ivre" dans sa totalité ? On connaît surtout de cette oeuvre bizarre et hermétique les quatre premiers vers... Raphaël Zacharie de IZARRAIt was shared among winners in California, Florida and Tennessee.Pretty! This was an incredibly wonderful article. Thanks for providing these details.Howdy! This is kind of off topic but I need some guidance from an established blog. Is it very hard to set up your own blog? I'm not very techincal but I can figure things out pretty fast. I'm thinking about creating my own but I'm not sure where to start. Do you have any tips or suggestions? With thanksMy partner and I stumbled over here different web page and thought I might as well check things out. I like what I see so i am just following you. Look forward to looking into your web page yet again.Pretty! This was a really wonderful article. Many thanks for providing this information.What's Taking place i am new to this, I stumbled upon this I have discovered It absolutely helpful and it has aided me out loads. I hope to give a contribution & aid other users like its helped me. Great job.Frère humain qui passes sur Terre, écoute-moi sans me voir car je suis la voix du silence et de l'azur, la musique des jours heureux, l'écho des sommets, l'image réminiscente de la lumière et le chant doux des secrets enfouis en toi.Tes rêves sont tes vraies pensées en réalité : au fond de toi-même, je le sais, tu désires les étoiles, des flammes célestes et des diamants impalpables. Et n'obtiens que des faveurs en toc, des bouquets d'artifices, des cadeaux alourdis de matière...Ton âme âme aspire à plus de légèreté, de hauteur, de pureté !Tu pleures pour l'amour, qu'il soit gagné, perdu ou espéré, peu importe. Et pour rien d'autre véritablement dans l'existence, tu ne verses tes larmes avec autant de gravité. Le plus important pour toi, c'est le coeur. Le reste n'est que peccadilles à tes yeux.Comme tu as bien raison !Tu cherches de vagues signes dans la nuit, des clartés nouvelles au-dessus de ta tête, des ailes dans tes horizons intérieurs.Et là, soudain en pleine activité domestique, au centre des agitations de ce siècle -qu'elles soient banales ou choisies-, ou plus simplement au pied de ton lit, juste au seuil de ta porte, au bord d'un paisible rivage, tu sens des germes d'infini, perçois des voies radieuses, découvres des espaces insoupçonnés, admires des paysages inédits...Ces éclats visibles par toi seul apparaissent entre le bout de tes doigts et le commencement du ciel. Et même si, indifférent à ton illumination, le monde autour de toi continue de tourner imperturbablement, tu demeures perché sur ton nuage.Tu crois dur comme fer à ce que tu vois !Tu viens d'entrer dans un royaume supérieur, une galaxie d'esprit et de vérité, un univers reculé et proche à la fois où l'essentiel irradie, la beauté fait autorité et le vent t’adresse ses mots immortels.Et tu portes ton regard plus loin encore que ces choses éternelles. Tu discernes alors une présence dans les brumes de ta mémoire.Tu reconnais une silhouette oubliée, un air disparu, des traits effacés : un visage te regarde.C'est le tien.Celui que tu avais, si sincère et lumineux, lorsque tu étais enfant.Good post! We will be linking to this great content on our site. Keep up the good writing.You actually make it seem so easy with your presentation but I find this matter to be actually something that I think I would never understand. It seems too complex and very broad for me. I'm looking forward for your next post, I'll try to get the hang of it!Very nice post. I just stumbled upon your weblog and wanted to say that I've truly enjoyed surfing around your blog posts. After all I'll be subscribing to your rss feed and I hope you write again soon!always i used to read smaller articles or reviews which also clear their motive, and that is also happening with this post which I am reading at this place.
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